несториана/nestoriana

Древнерусские и другие новости от Андрея Чернова. Сайт создан 2 сентября 2012 г.

А. Ю. Чернов. ИЗ ИСТОРИИ КУБИЗМА. ФРАНЦУЗСКИЕ ДЕНЬЕ (ДЕНАРИИ) ЭПОХИ КРЕСТОВЫХ ПОХОДОВ И НОВЫЙ ПЕРЕВОД «СЛОВА О ПОЛКУ ИГОРЕВЕ»

Этот галльский кубизм XI–XIII веков – привет кубистам начала XX века от средневековых арабов, знавших толк в форме и геометрии. Ну а французы просто подражали их дирхемам, хотя на реверсе непременно изображали крест. Вот такой получилась моя виртуальная коллекция серебряных французских денариев, выполненных в том стиле, который Лихачев на примере «Слова о полку…» назвал стилем динамического монументализма.

01. XI–XII вв. Франция. Лангедок, графство Мельгейль. Эвек-де-Магелон. Аноним. Денарий. Биллон. 18 mm

02. 1151–1191 гг. Тибо V, граф де Блуа. (Vicomté de Châteaudun Thibaut V). Денарий. Серебро. 0,77 g

03. XI–XII в. Франция или Вена. Анонимная Архиепископия. Денарий. Серебро. 17,0 mm; 0,64 g

04. Франция. Шатодан. Аноним. XII век. Денарий. Серебро. 18 mm; 0,75 g

05.1130–1160. Аноним. Денарий. Серебро. 19,60 mm; 3,01 g

06. Людовик VII. (Louis VII. Denier Parisis.) 1137–1180 гг. Парижский Денарий. Серебро.

Людовик VII – участник Второго крестового похода (1146 г.)

07. Людовик VII. 1137–1180 гг. Парижский денарий. Серебро. 19,50 mm; 1,16 g

08. Людовик VII. 1137–1180. Мант. Денарий. Серебро. 29 mm; 1,1 g

09. Людовик VII. (Louis VII. Denier Parisis.) Денарий. Серебро. 20 mm; 0,90 g

10. Шампань. Генрих II (1180–1197). Король Иерусалима по именем Henri I. Умер в Иерусалиме, упав из окна. Денарий. Серебро. 19 mm

11.1180–1233. Париж. Король Филипп II Август. Денарий. Серебро. 1,1 g.

Филипп II – участник Третьего крестового похода (1190 г.)

12. 1156–1196 гг. Франция. Область Лангедок. Материал биллон. Денарий. 17 mm; 0,66 g

13. Филипп II Август. 1180–1223. Аррас. Денарий. Серебро.

14. Филипп II Август. 1191–1199. Saint-Omer. Денарий. Серебро. 0,92 g

15. Филипп II Август. Денарий. Серебро.

16. Франция. Эно. XII–XIII в. Денарий. Валансьен. Серебро. 13,5 mm; 0,43 g

17. Денарий из епископства Ле-Пюи в Оверни. Аноним. XIII в. Серебро.  21,30 mm; 1,68 g

PS: А теперь обратите внимание на обложку справа. Орнамент из ратных шлемов, ставших скорбными чашами большой беды. Это обложка нового французского перевода «Слова о полку Игореве». Книга выходит в Париже в начале октября.

ОТРАЖЕНИЯ ОТРАЖЕНИЙ. ФРАНЦУЗСКИЙ ВАРИАНТ
Парижское издательство с очень правильным названием «Inculte», что значит Невежда, буквально вчера выпустило «Мастера и Маргариту» и готовится выпустить «Слово о полку Игореве». Обе книжки в переводе Андрея Марковича. На обложке «Слова» под названием три имени: Ходына (автор поэмы, имя названо в ее концовке), Чернов (переводчик и комментатор на русский) и Маркович, который 33 года назад стал переводить этот текст, взяв за основу мой комментарий и перевод.Словом, серия «Тень от тени» – перевод с современного перевода. В этой же серии в переводе Марковича вышел Гильгамеш в версии Николая Гумилёва. Эпиграфом к серии могли бы стать строки Георгия Иванова:
.
Друг друга отражают зеркала,
Взаимно искажая отраженья.

Я верю не в непобедимость зла,
А только в неизбежность пораженья.

Не в музыку, что жизнь мою сожгла,
А в пепел, что остался от сожженья.
.
На обложке французского «Слова» конические шлемы: «Княземъ слава, а дружине аминь». Читается при звучавшем ере как горькая рифма: «…а дружИНЕ – амИНЕ!»
.

С позволения Андрея Марковича помещаю здесь несколько фрагментов его перевода «Слова о полку Игореве». Среди них и плач Ярославны:
.
ИЗ ЧЕТВЕРТОЙ ПЕСНИ

De l’aube au soir,
du soir à l’aube,
volent les flèches acérées,
tintent les sabres sur les casques,
tonnent les lances d’acier trempé,
dans un champ inconnu
loin, sur la terre polovtsienne.

La terre noire
est semée d’os sous les sabots
la terre arrosée de sang.
Il lèvera, le deuil,
sur la terre russe!

D’où me vient donc ce bruit,
me vient cette rumeur,
tôt avant l’aube de ce jour?
Igor tourne son ost,
il plaint
son frère bien-aimé,
Vsévolod fils de Sviatoslav.

Un jour ils ont lutté, deux jours ils ont lutté.
Au jour troisième, vers midi,
les oriflammes d’Igor s’inclinent.
C’est là, au bord de la rivière Kaïala,
que le frère a quitté le frère —
le vin sanglant leur a failli:
les Russiens ont fini leur festin,
ils ont abreuvé les convives
et, eux-mêmes, les voilà
qui gisent pour la terre russe.

L’herbe a flétri de pitié
et l’arbre, dans son deuil,
s’incline sur la terre.

*

Frères, la voici advenue,
l’année de peine —
la plaine a englouti la force.

L’Offense s’est dressée
chez les petits-fils de Dajbog
et par la terre de Traïan,
elle erre, fille seule.

Cygne battant des ailes,
sur le Don bleu devant la mer,
elle a troublé les temps de joie.

La guerre entre les princes,
voilà l’autre ruine païenne.
Le frère a dit au frère:
— Ce qui est tien est mien!
Et pour de petits riens les princes
ont dit: cela est grand!
Et chacun s’est forgé sa propre honte,
et les hordes païennes,
célébrant leur victoire, pillent
la terre russe.

*

Trop loin a volé le faucon
fondant sur les oiseaux — jusqu’à la mer
et l’ost sans peur d’Igor
ne peut ressusciter!
Deuil a hurlé vers lui,
Ordure assaille
la terre russe,
sa corne de feu
répand sa rosée sur les hommes.

Les femmes russes lèvent le pleur:
— Nos bien-aimés, nos chers,
nos pensées ne les pensent plus,
nos songes ne les songent plus,
nos yeux ne les voient plus.
Leur or et leur argent
ne font plus notre joie.

Car, mes frères, Kiev
gémit en deuil,
et Tchernigov sous les attaques.
Ainsi l’angoisse a inondé la terre russe
et le chagrin, en flot épais,
coule sur notre terre.

Mais les princes eux-mêmes
forgent leur propre honte
et les païens, en troupes,
victorieux, pillent
la terre russe —
et leur tribut: pour chaque ferme, un écureuil*.

*Cet écureuil (belka) a de multiples sens. D’abord, il s’agit d’une béla, une pièce de monnaie. Mais il s’agit aussi réellement, sans doute, d’une peau d’écureuil. C’était là le tribut demandé par les Khazars aux Polianes au IXe siècle L’image était restée comme un symbole de dépendance, voire d’esclavage.
.
ИЗ ВОСЬМОЙ ПЕСНИ

Iaroslavna lève sa voix
sur le Danube.
une oriole invisible,
elle appelle et déplore:

— Je volerai à l’aube tout le long du Danube,
comme l’oriole ;
dans la rivière-Kaïala,
je tremperai mes manches de soie blanche,
je panserai les plaies brûlantes
du corps souffrant du prince.

Au point du jour, gémit Iaroslavna,
elle lève son chant sur les murs de Poutivl:

— Ô vent, toi, vent qui ventes,
Pourquoi, seigneur,
as-tu venté
encontre les guerriers de mon époux?
Pourquoi as-tu porté
sur tes ailes légères
les flèches des païens?
N’avais-tu point assez dans la hauteur du ciel
de nuages à pousser en vaisseaux vers la mer?
Pourquoi, seigneur,
as-tu soufflé
ma joie dans les roseaux?

Iaroslavna, au point du jour, gémit,
pour les murs de Poutivl,
elle lève un chant amer:

— Ô Dniepr fils de gloire!
tu perças les pierres des montagnes
des terres polovstiennes!
Tu fis tanguer sur ton dos
jusqu’au camp de Kobiak
les nefs de Sviatoslav!
Rends-moi, seigneur, mon époux
pour que je ne lui mande plus mes larmes
sur le dos de tes vagues
à l’aube vers la mer!

Au point du jour, gémit Iaroslavna,
elle lève son chant sur les murs de Poutivl:

— Ô, clair, ô trois fois clair Soleil!
Tu caresses chacun, pourquoi
dardes-tu, seigneur,
tes rais de feu
sur les guerriers de mon époux?
Par la soif dans les plaines arides,
pourquoi, ô souverain,
as-tu rendu leurs flèches molles,
as-tu fermé d’angoisse leurs carquois?

*

La mer à minuit a fait rage.
Le brouillard se répand en nuages.
Au prince Igor,
Dieu montre le chemin
de la terre polovtsienne
jusqu’à la terre russe,
au trône d’or de son père.

L’aube du soir s’éteint —
qu’il dorme, Igor, qu’il veille,
par la pensée Igor mesure le pays,
du Don bleu
jusqu’au petit Donetz.

Et Ovlour à minuit
siffle un cheval par-delà la rivière,
il fait signe à Igor qui comprend,
pas un bruit, prince Igor!
La terre gronde et les herbes tempêtent,
les chariots polovtsiens sont loin.

Il court, Igor,
hermine vers les roseaux,
il nage, œil d’or à poitrail blanc,
se jette sur le dos de son coursier
et puis, loup vif, il saute à terre
et court encore vers un méandre du Donetz,
il vole, faucon, sous les nuages
chassant les oies, les cygnes
pour manger le matin, le jour, le soir.

Igor vole comme un faucon,
Ovlour, lui, comme un loup, parcourt la plaine,
ils s’ébrouent dans leur course du froid de la rosée —
tant poussent-ils leurs bêtes qu’elles crèvent.

Оставьте комментарий

Information

This entry was posted on 21.09.2020 by in Слово о полку Игореве, Сухая игла.

Навигация

Рубрики